« En route » pour le code de la route

  • « En route » pour le code de la route

Description

Les enjeux et difficultés rencontrés par les personnes allophones pour préparer, passer puis obtenir le code de la route en France sont illustrés dans ce dossier à travers l’approche originale de l’ouvrage de Valérie Vermurie pour accompagner ces publics dans l’apprentissage de la langue du code de la route.

Pourquoi se mobiliser autour de la … mobilité ?

Pour nombre de personnes, le permis de conduire représente bien plus qu’un simple document officiel. C’est un accès vers une certaine indépendance. Il joue un rôle crucial dans la mobilité professionnelle et sociale. Il peut devenir sur certains secteurs d’activité une condition préalable à l’embauche.

Pour le public primo arrivant allophone, le permis de conduire est un véritable enjeu. La non-reconnaissance du permis de conduire obtenu dans le pays d’origine contraint à passer l’examen en France dans une langue encore peu maîtrisée et qui plus est, usant d’un lexique spécifique dans un environnement autre (signalisation différente). Au-delà de la signification des termes, s’ajoutent des procédures d’évaluation (typologies de questions, choix d’items à faire avec des « distracteurs », reconnaissance de situations à risques) qui peuvent désorienter des publics, peu rompu à ces exercices, à la réalisation de performances en temps chronométré, que réclame l’examen théorique du Code de la route. Nous pensons notamment aux publics ayant été peu ou non scolarisés.

Dans un récent webinaire de Doc en Stock (Le code de la route en formation linguistique : pourquoi, comment ? https://docenstockfrance.org/webinaire/autour-de-la-mobilite/) Amandine Bizet pointait les difficultés de cet examen pour les publics primo-arrivants allophones :

  • Difficultés culturelles à comprendre « ce qu’est » le permis : théorie (sanctionnée par l’ETG = l’examen théorique général du permis de conduire = l’examen du code de la route) et pratique (sanctionnée par l’examen du permis).
  • Difficultés financières : coût important du permis de conduire
  • Difficultés à se repérer entre les différentes modalités de passation : en ligne/ en auto-école
  • Difficultés linguistiques : complexité des questions et du vocabulaire
  • Difficultés d’apprentissage : lecture d’image, mémorisation, travail en autonomie
  • Difficultés dans la gestion du temps : obtenir le permis est un projet sur le long terme qui demande d’y consacrer du temps et donc d’être disponible

Un dispositif d’accompagnement sociolinguistique (Intégracode) a pu ainsi voir le jour en 2018 pour résoudre les difficultés langagières
(https://mobin-solutions.fr/nos-projets/nos-projets-nationaux/integracode/).

Pour les publics en situation d’illettrisme (ayant donc suivi une scolarité en langue française), à côté des compétences de littératie, de numératie, la maîtrise des repères spatiaux et temporels est aussi évoquée comme pouvant aussi être relative et fragile. Ces repères font bien sûr partie des savoirs de base, du socle fondamental : il est difficile en effet de raconter ou décrire un évènement, de circuler aisément avec ces compétences « vacillantes ».

Dans l’Etude-action IRILL 2004 [1], l’abord des freins à l’écrit par le biais du Code de la route est préconisé. Cela permet en effet d’éviter l’écueil d’un rapport à l’écrit complexe (et parfois douloureux) chez la personne. Dans ce même rapport, sur les fiches axées sur le repérage, il est indiqué que des échecs répétés à cet examen du Code de la route pouvaient aussi constituer un indice significatif de repérage des situations d’illettrisme (à côté d’autres indices). Dans le Guide pratique d’aide au repérage et à l’orientation des publics en situation d’illettrisme [2] la réussite de l’examen du Code de la route est pointée également comme un enjeu pour les personnes, et Anne Vinérier dans ses travaux, l’enregistre comme un levier motivationnel pouvant déclencher une démarche de réapprentissage [3] au même titre que l’entrée d’un enfant en cours préparatoire (CP) par exemple.

Pourquoi s’outiller pédagogiquement avec le cahier d’activités En route ?

À notre connaissance, la préparation des publics allophones ou en situation de remédiation sur les compétences de base à cet examen a surtout fait l’objet d’une ingénierie pédagogique interne aux structures de formation et peu de matériels et supports d’apprentissage partagés, publiés, existaient dans ce domaine précis.

La parution récente du volumineux cahier d’activités En Route [4] conçu par Valérie Vermurie visant à aider à préparer cet examen du Code de la route, vient combler un certain vide. Il s’adresse de surcroît aux publics :

  • en consolidation des savoirs de base
  • en apprentissage de la langue française

Il est également agrémenté d’un chapitre autour du permis poids lourd pour celles et ceux qui s’orienteraient vers les métiers du transport (FIMO Transport de marchandises ou Transport de voyageurs).

Abondamment illustré, avec un déroulé très structuré dans ses phases, il aborde les contenus essentiels du Code (sans pour autant faire un Code « bis »), le lexique spécifique associé et, cela nous semble essentiel, tout le travail autour des consignes, du déroulé et de la logique propre à cet examen.

Au vu de l’importance du thème de la mobilité dans l’autonomie de chacun et dans une optique de mutualisation régionale d’actions, les CRIA d’Occitanie se sont donc associés en début d’année pour proposer une « tournée » de présentation de ce cahier par Mme Vermurie aux acteurs des différents territoires en vue d’une appropriation de ce nouvel outil pédagogique d’un grand intérêt.

 

[1] Amélioration du dispositif de lutte contre l’illettrisme sur la zone emploi formation d’Avignon » Rapport final CRI / CATEIS – MAI 2005 et ses fiches pratiques : « Demander à quelqu’un s’il possède le permis de conduire est une question banale, naturelle dans de nombreuses situations, à laquelle chacun répond facilement. Evoquer l’épreuve du code de la route peut permettre d’aborder les difficultés avec l’écrit. »

[2] Guide produit en 2010 par le GIP CARIF Ile de France : sur la fiche 9 axée sur les propositions et les orientations, il est pointé dans les enjeux « personnels » des leviers qui peuvent être mobilisés au cours de l’accompagnement : « acquérir des repères dans l’espace, sortir de l’isolement et … passer l’examen du code de la route ».

[3] Anne VINERIER Combattre l’illettrisme Combattre l’illettrisme, permis de lire, permis de vivre, guide pratique et méthodologique éd. L’Harmattan, Paris, 1994

[4] En Route, éditions Le Français pour Adultes, 2024

Présentation de « En route! »

Valérie Vermurie, formatrice et autrice du manuel En Route ! a parcouru l’Occitanie dans le cadre d’une tournée organisée en collaboration avec les Centres Ressources Illettrisme et Apprentissage du français (CRIA) de la région. Destinée aux formateurs et aux acteurs de l’insertion, cette série de journées a offert un espace d’échange et de formation autour de son ouvrage, pensé pour accompagner les publics en difficulté avec les savoirs de base et/ou la langue française dans l’apprentissage du code de la route.

Sur chaque territoire, Valérie Vermurie a pris le temps de présenter sa démarche pédagogique, la structure de son manuel et la diversité des exercices qu’il propose. Elle a également proposé des activités de mises en pratique permettant aux participants de se familiariser avec En Route ! quelle que soit leur expérience en accompagnement linguistique.

Tout au long de ces rencontres, un véritable dialogue s’est instauré entre l’autrice et les professionnels présents, favorisant une meilleure appropriation des outils et des méthodes adaptées aux besoins des apprenants. Une initiative saluée par les CRIA d’Occitanie, qui y voient une ressource précieuse pour renforcer l’accompagnement vers l’autonomie et l’insertion des publics en fragilité.

Contenu de l’ouvrage

En Route ! est un programme pédagogique destiné à aider les apprenants à passer le permis de conduire. ​Il aborde les besoins spécifiques des apprenants, notamment ceux en difficulté avec la langue française, comme les allophones, mais aussi les personnes en situation d’illettrisme ou en fragilité avec les compétences de base. ​Cette ressource détaille l’organisation des séquences pédagogiques, les objectifs linguistiques, communicatifs et culturels sous-jacents lorsque l’on aborde cette thématique, ainsi que les activités et ateliers proposés. ​

Les ateliers incluent :

  1. Le repérage des faits de langue dans le code de la route. ​
  2. La prise en main de l’ouvrage En Route ! avec des stratégies pour anticiper, accompagner et évaluer les apprenants. ​
  3. Des jeux et activités adaptés pour un public allophone ou en situation d’illettrisme. ​

Le manuel  En Route !  est présenté comme un outil complémentaire pour les apprenants, avec des exercices de français sur le thème du code de la route, adapté aux niveaux FLE A2-B1/B2 et illettrisme degré 3 & 4. Les objectifs généraux et spécifiques de l’ouvrage visent à développer les compétences linguistiques et à connaître les règles du code de la route. Le document inclut également des exemples de thèmes et de règles du code de la route, des types d’exercices, et des ressources complémentaires disponibles en ligne.

Les évaluations et retour de témoignages

Dans le cadre d’une initiative portée par les CRIAS de la Région Occitanie, Valérie Vermurie, autrice du manuel En route, Editions le français pour adultes, a animé plusieurs sessions de formation à destination des acteurs de terrain intervenant auprès de publics allophones et/ou en difficulté avec les savoirs de base.
Ces formations, organisées dans les départements de la Lozère, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales, du Gard, de l’Hérault et de la Haute-Garonne avaient pour objectif de présenter et de faciliter la prise en main de ce nouvel outil pédagogique consacré au code de la route.

À ce jour, En route apparaît comme le seul manuel spécifiquement conçu pour accompagner les publics allophones et/ou illettrés dans ce domaine, en alliant à la fois les aspects techniques du code et les compétences linguistiques nécessaires à sa compréhension.

Une mobilisation forte et des profils variés

Au total, près de 80 professionnels ont participé à ces journées de formation :
– Formateurs FLE (centre de formation et associations de proximité)
– Conseillers en insertion professionnelle
– Moniteurs et responsables d’auto-école
– Acteurs de l’insertion
– Etudiant

Des retours unanimement positifs

Les participants ont particulièrement souligné :

  • La qualité pédagogique de Valérie Vermurie et la richesse de son expertise.
  • La pertinence et la clarté du manuel, qui offre un cadre rassurant et des activités concrètes et adaptées aux besoins des apprenants.
  • L’intérêt de la formation, qui a permis de mieux comprendre les enjeux linguistiques liés à l’apprentissage du code et d’échanger des pratiques entre professionnels.

Plusieurs participants, déjà engagés dans l’animation d’ateliers « code de la route », ont exprimé leur satisfaction de repartir avec de nouveaux outils méthodologiques et des idées d’activités directement transposables dans leurs séances.
D’autres, moins familiers avec ce type d’accompagnement, ont manifesté le souhait de bénéficier de temps supplémentaires pour approfondir la prise en main du manuel.

De nouvelles perspectives pour les structures

Au-delà de la découverte du manuel, ces formations ont suscité un véritable engouement pour la mise en place d’ateliers « code de la route » adaptés aux publics allophones ou en difficulté avec les savoirs de base.
L’idée de favoriser la co-animation entre formateurs linguistiques et professionnels du secteur automobile est également apparue comme une piste à explorer.

Enfin, plusieurs participants ont relevé la souplesse et l’adaptabilité de l’ouvrage, qui pourrait également trouver sa place auprès d’autres publics, notamment des personnes en situation de handicap.

Un outil précieux et attendu

Les retours enthousiastes recueillis dans les quatre départements témoignent d’un besoin réel et partagé d’outils pédagogiques adaptés pour favoriser l’accès à la mobilité et à l’autonomie des publics accompagnés, et confirment la nécessité de poursuivre ces dynamiques de formation et d’accompagnement à plus grande échelle.

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