Les appuis techniques des CRIA – Juin 2025

  • Les appuis techniques des CRIA

Description

A l’écoute des acteurs sur les territoires, les CRIA proposent des accompagnements qui vont venir répondre de manière spécifique aux besoins exprimés par des structures de tous horizons, en témoigne ce dossier consacré aux appuis techniques sur mesure.

Structurer l’engagement bénévole : retour d’expérience du FJEP avec le CREPA

En 2023, suite à une forte demande d’ateliers d’apprentissage de la langue française à destination d’un public ukrainien, la commune de Castelnaudary a souhaité faire renaître l’association du FJEP, qui était en sommeil depuis plusieurs mois.

Une ancienne formatrice bénévole FLE de l’association Bastide Citoyenne de Carcassonne, devenue sa présidente, a tenté de mettre en place une action de formation pour répondre à la demande de la municipalité.

Très rapidement, elle a rencontré de grandes difficultés de fonctionnement : les bénévoles manquaient de formation, la salle prêtée par la mairie n’était pas adaptée et devait accueillir plusieurs groupes hétérogènes en même temps… En dépit de la bonne volonté de tous et après plusieurs mois d’efforts, la présidente a renoncé à mettre en œuvre une organisation structurée au sein de l’association renaissante.

Au début de l’année 2024, elle s’est tournée vers le CREPA, où elle avait déjà suivi des séances de professionnalisation lorsqu’elle était bénévole à Bastide Citoyenne.

Ce fut le début d’une coopération au cours de laquelle le sens de l’écoute et les compétences de la responsable du CREPA vont permettre de structurer l’action du FJEP, illustrant parfaitement l’importance de l’appui technique que peuvent proposer les CRIA et les plateformes linguistiques à l’ensemble de leurs partenaires :

  • Dans un premier temps, le CREPA a pris le temps de rencontrer et d’écouter l’ensemble des bénévoles afin de prendre en compte toutes leurs demandes.
  • Le CREPA leur a ensuite proposé sur place des séances de professionnalisation traitant de l’animation d’un atelier linguistique pour adultes, de la construction des séances, de la posture du formateur etc…, les invitant également à participer aux multiples sessions proposées à Carcassonne.
  • Le CREPA est également intervenu sur les conditions matérielles et logistiques en sollicitant la mairie pour l’obtention d’une salle plus grande et plus adaptée.
  • Enfin, il a fait le lien avec la médiathèque de Castelnaudary, permettant ainsi au FJEP de nouer une relation de partenariat pour le bien de tous les bénéficiaires apprenants.

A ce jour, les relations entre le CREPA et le FJEP permettent de garder un lien étroit pour continuer l’accompagnement et la professionnalisation des bénévoles investis auprès des apprenants qui sont également reçus en diagnostic linguistique sur la plateforme.

Une journée de formation pour améliorer l’accueil des publics non francophones

Vous connaissez certainement les MDS, les Maisons Départementales des Solidarités où l’on se rend pour rencontrer une assistante sociale, assurer un suivi PMI pour un nouveau-né, effectuer une demande de RSA… Si vous êtes déjà allé(e)s dans une MDS en Lozère, vous avez probablement été accueilli(e) par une dame qui a écouté votre demande et vous a orienté(e) vers le bon service.

  • Ces agentes administratives d’accueil, tel est leur titre, voient défiler toute la journée toute sorte de gens avec toutes sortes de questions et problématiques. Elles sont censées comprendre les besoins des personnes accueillies et leur transmettre l’information adéquate.

En Lozère, elles se sont retrouvées confrontées à plusieurs problématiques rendant difficile l’exercice de leurs fonctions : arriver à comprendre les besoins et demandes de personnes peu ou pas francophones et leur transmettre de manière efficace (donc compréhensible pour les usagers) les réponses adaptées. Comment se comprendre malgré la barrière de la langue, sur des sujets d’importance parfois capitale pour les personnes reçues (aides financières, accès au logement, accès aux soins…) ?

La directrice adjointe de la DTIP-48 (Direction des Territoires, de l’Insertion et de la Proximité au Conseil Départemental de la Lozère), chargée, en autres missions sur le secteur insertion/emploi, de l’animation des groupes d’agentes administratives d’accueil des MDS, a interpellé le CRIA 48 en vue d’un appui technique en interne. L’objectif était d’apporter des outils qui puissent faciliter et améliorer la communication entre agentes d’accueil et bénéficiaires.

Afin de cibler au plus précis les besoins et les attentes, plusieurs échanges de mails et deux rencontres ont eu lieu en amont de l’intervention, avec la cheffe de service et une agente d’accueil. Une première rencontre des agentes en interne a permis d’élaborer une fiche détaillant les situations problématiques.

Muni des échanges et de ce diagnostic, le CRIA 48 a pu préparer une intervention ciblée visant à répondre au mieux aux besoins exprimés.

Une journée de formation pour toutes les agentes départementales a ensuite été organisée.

Une première mise en situation face à des écrits ou documents audios en langue étrangère, plus ou moins complexes, a permis aux agentes de se mettre à la place des personnes accueillies et de faire naitre une réflexion sur les divers documents et formulaires utilisés au sein du service : sont-ils facilement compréhensibles ? pourrait-on les simplifier ? les illustrer ?… ainsi qu’une réflexion sur la posture d’accueil : comment adapter son débit ? encourager la communication par une attitude non-verbale ?

Ces réflexions ont permis d’introduire la présentation de différents outils, des banques d’images et de pictogrammes bien sûr, et en particulier la méthode FALC : Facile à Lire et A Comprendre, méthode ayant pour but de traduire un langage classique en langage compréhensible par tous. Cette méthode est adaptable aussi bien aux documents écrits qu’audios, vidéos… tous types de support de communication. Au-delà d’une méthode, c’est une posture visant à tenir compte des capacités de compréhension de l’autre et à adapter son discours en fonction.

Après la théorie, une mise en pratique a été proposée aux participantes, afin de permettre à toutes de s’approprier concrètement ces pistes et outils : des groupes de trois personnes ont expérimenté des jeux de rôles évoquant des situations professionnelles réalistes.

Cette journée, intense et riche en échanges, a permis différentes prises de conscience :

  • les documents utilisés ont grand besoin d’être simplifiés pour être plus accessibles (un groupe de travail devrait se pencher sur cette question)
  • la posture d’accueil joue un rôle non négligeable dans la communication (importance de l’amabilité, « astuces » pour désamorcer l’agressivité de certains usagers, aménagement de l’espace…)
  • les conditions de travail des agentes ne sont pas toujours faciles (espace souvent bruyant et passant, plusieurs sollicitations en même temps… comment faire au mieux ?)
  • les difficultés évoquées lors de ces échanges dépassent largement le cadre initialement repéré : certaines personnes françaises et/ou parfaitement francophones peuvent être très en difficulté face aux document écrits, et ne l’expriment pas souvent, par gêne, honte ou fierté (situations d’illettrisme). Elles peuvent masquer leurs difficultés derrière différentes excuses, voire de l’agressivité, et une agente sensibilisée à ces questions saura mieux deviner entre les mots…

Pour en savoir plus sur le FALC :

https://falc.unapei.org/quest-ce-que-le-falc/le-falc-cest-quoi/

Mieux comprendre pour mieux orienter : un support co-construit par le CADA de l’ACAL et le CRIA 66

Contexte :

Le Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA)- de l’Association Catalane d’Action et de Liaisons des Pyrénées-Orientales (ACAL)  – accueille et accompagne les demandeurs d’asile tout au long de leur procédure. Il héberge également des bénéficiaires de la protection internationale dans l’attente d’un transfert vers une autre structure.

Parmi les nombreux ateliers proposés par les travailleurs sociaux, l’accès au logement constitue un enjeu majeur. Les recommandations en matière d’hébergement varient selon le profil, les ressources et le degré d’autonomie des bénéficiaires.

Cependant, les outils internes jusque-là disponibles se sont révélés inadaptés à un public en grande difficulté de compréhension, notamment les personnes en situation d’analphabétisme ou ayant un niveau de langue inférieur au A1 du CECRL. Le CADA a donc sollicité le CRIA pour co-construire un support visuel, concret et accessible permettant aux bénéficiaires de mieux comprendre les orientations proposées en matière de logement.

 

Description de l’outil :

  1. Le plateau de jeu

Un plateau divisé en trois zones de compétence :

  • Zone verte : Je sais faire
  • Zone orange : Je suis en train d’apprendre
  •  Zone rouge : Je ne sais pas vraiment faire

Ce plateau permet une auto-évaluation visuelle et intuitive du niveau d’autonomie du bénéficiaire.

  1. Les cartes « profil et situation financière »

Ces cartes permettent d’identifier le contexte personnel du participant :

  • Profils familiaux :
    • Moins de 25 ans, seul
    • Plus de 25 ans, seul
    • Famille
  • Situations financières :
    • Sans ressources
    • RSA ou AAH
    • Contrat court (CDD / Intérim)
    • Contrat stable (CDI)
  1. Les pastilles d’autonomie (exclusivement imagées)

Les pastilles représentent différents domaines de la vie quotidienne. Elles sont à placer sur les zones du plateau selon le niveau de maîtrise :

  • Santé
  • Démarches administratives liées au séjour
  • Loisirs
  • Apprentissage du français
  • Gestion du logement (entretien, démarches liées, etc.)
  1. Les cartes « types de logement »

Ces cartes représentent les différentes solutions d’hébergement existantes. Elles sont regroupées par niveau d’autonomie attendu :

  • Manque d’autonomie :
    • CHRS
    • CPH
  • Relativement autonome :
    • Sous-location
    • IML
    • Résidence Habitat Jeunes
    • ADOMA
  • Autonome :
    • HLM
    • RHVS
    • Pension de famille

Déroulement de l’atelier :

  1. Mise en situation :
    Le bénéficiaire dispose d’un plateau. Il y place son profil familial et sa situation financière au centre.
  2. Auto-évaluation :
    Il répartit les pastilles imagées dans la zone verte, orange ou rouge selon ses compétences dans chaque domaine.
  3. Analyse partagée :
    Un temps d’échange avec l’animateur permet de discuter de cette auto-évaluation et d’éventuellement la réajuster.
  4. Préconisation d’orientation :
    À l’aide d’un tableau des résultats, le bénéficiaire comprend mieux pourquoi un certain type de logement lui est proposé. Il peut même effectuer lui-même la préconisation en fonction de ses capacités.
Nombre de pastilles en zone rouge Niveau d’autonomie Types de logement orientés
5 à 8 pastilles Manque d’autonomie CHRS, CPH
3 à 5 pastilles Relativement autonome Sous-location, IML, ADOMA…
Moins de 3 pastilles Autonome HLM, RHVS, Pension de famille

Objectifs de l’outil :

  • Favoriser une compréhension visuelle et intuitive de la situation personnelle.
  • Impliquer activement le bénéficiaire dans la réflexion sur son orientation en logement.
  • Valoriser les compétences acquises ou en cours d’acquisition.
  • Adapter les animations collectives à tous les niveaux linguistiques et culturels.

 

Étapes en images :

Étapes en images

Le matériel

 

Le matériel

Ma situation familiale

 

Ma situation familiale

Ma situation financière

 

Ma situation financière

Solutions de logement

 

Mon autonomie

Mon autonomie

 

Exemple de situation et de solution de logement :

 

Exemple de situation

 

Solution de logement

Mettre en place des ASL pour favoriser l’insertion linguistique et sociale

Dans le cadre de ses missions CRIA, Ressources & Territoires fournit un soutien technique et pédagogique pour favoriser l’apprentissage de la langue et l’insertion sociale des personnes en difficulté avec la lecture et l’écriture. Par le biais de formations, de divers accompagnements et de mise à disposition de ressources pédagogiques, R&T forme des intervenants (bénévoles et salariés) afin qu’ils puissent animer efficacement les séances et des ateliers de langue française.

Conformément aux dispositions règlementaires, l’intégration sur le territoire des étrangers situation régulière et des bénéficiaires de la protection internationale est encouragée par des actions spécifiques qui visent à permettre l’acquisition des compétences sociales en communication.  On parle de FLE (français langue étrangère) ou FLI (français langue intégration).

Ces compétences linguistiques et sociales sont abordées dans les ateliers sociolinguistiques (ASL).
L’ASL est une action spécifique de soutien des processus d’intégration qui se situe dans le champ de la promotion sociale et de la citoyenneté. L’ASL est également une action de proximité qui s’inscrit dans une dynamique territoriale.

En effet, dans un contexte où la diversité culturelle et linguistique enrichit nos sociétés, il est essentiel de favoriser l’inclusion des personnes issues de milieux variés. Les centres sociaux jouent un rôle clé dans cette démarche, notamment en proposant des ateliers sociolinguistiques. Ces ateliers visent à améliorer les compétences linguistiques des participants tout en favorisant leur intégration sociale.

C’est dans ce contexte que Ressources & Territoires a été sollicité pour accompagner plusieurs centres sociaux dans la mise en place d’ASL. Pour répondre à cette demande, R&T propose une action de formation à destination des professionnels et des bénévoles intervenant dans les Centres Communaux d’Actions Sociales (CCAS), qui a pour objectifs :

  • De bien distinguer les différents publics en difficulté avec la langue française et connaitre les référentiels en usage.
  • De rappeler les objectifs de l’ASL et la méthodologie (mise en œuvre, analyse des besoins, scénario pédagogique).
  • De s ’approprier la bonne posture et d’intégrer le rôle de formateur / accompagnateur.
  • De découvrir des ressources et des outils pédagogiques.

L’accompagnement consiste également à établir des partenariats avec des structures locales afin d’assurer une cohérence dans l’offre d’accompagnement et de favoriser la continuité des parcours d’apprentissage. Les ateliers sociolinguistiques, accompagnés par le centre social, offrent de nombreux bénéfices. Sur le plan individuel, ils permettent aux participants de gagner en autonomie, de mieux comprendre leur environnement, et d’accéder plus facilement à l’emploi ou à la formation. Sur le plan collectif, ils renforcent la cohésion sociale en favorisant le dialogue interculturel et en créant un espace d’échange et de partage.

Pour conclure l’accompagnement des différents acteurs et partenaires dans la mise en place d’ateliers sociolinguistiques est une démarche essentielle. Les attentes liées à l’intégration des primo-arrivants étant fortes, il s’agit par ces actions de contribuer à réduire les barrières linguistiques et culturelles, tout en valorisant la richesse de la diversité humaine.

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